Commentaires sur le rapport du Comité scientifique consultatif

''Hyperbaric oxygen therapy for children with cerebral palsy: A multicenter randomised clinical trial''


Préparé par Pierre Marois, physiatre


Septembre 2000



Introduction

Nous commenterons, dans le présent document, le rapport du Comité scientifique consultatif (1), apportant une autre perspective sur certains éléments qui nous apparaissent imprécis ou inexacts. Il nous apparaît cependant important de situer le contexte dans lequel ce Comité scientifique consultatif a agi pour éventuellement produire un tel rapport.

(1) Il s'agit d'un comité non prévu au protocole créé à la dernière minute par le F.R.S.Q. contre l'avis des chercheurs qu'ils n'ont jamais rencontré sauf, par le biais du président du Comité, pour transmettre leur conclusions.

Loin de vouloir dénigrer le travail des professionnels de ce Comité qui se sont investis, avec leurs connaissances et leurs croyances, ce document voudra cependant présenter une autre façon de voir LA RÉALITÉ et certainement justifier la contestation amorcée par certains chercheurs et les familles qui se sont impliqués dans cette recherche.

Rappelons donc certains éléments qui situeront le contexte dans lequel le Comité scientifique s'est réuni. Tout d'abord, il faut se rappeler l'engagement du Ministre Rochon, dans un communiqué, émis le 16 juillet 1999, qui dit ceci: "se montrant sensible à l'espoir suscité par ce traitement chez les parents d'enfants atteints par cette maladie, le Ministre a indiqué que les meilleures ressources scientifiques du Québec seront mobilisées ". Dans ce communiqué l'on ajoutait également, "il nous apparaît donc important, a conclu le Ministre, que l'on entreprenne de clarifier la question de l'efficacité de ce traitement''.

Nous croyons certainement que les meilleures ressources scientifiques du Québec ayant l'expertise dans le domaine étudié, ont été mises à contribution, tel que souhaité par le Ministre. Il est étonnant toutefois que leur contribution ait été écartée à l'étape la plus importante de toute cette recherche, c'est-à-dire, au moment de l'analyse et, de l'interprétation des résultats. C'est à ce moment que les cliniciens, les épidémiologistes et les chercheurs ayant une expertise se devaient de mettre à contribution toutes leurs connaissances et leurs expériences pour en arriver à des interprétations claires des résultats de cette étude, ce qui na pas été le cas. Ce qui rend cette situation encore plus odieuse est le fait qu'il s'agissait d'une recherche clinique et que la contribution des cliniciens du projet a été rejetée au moment où elle s'avérait la plus précieuse.

Pour illustrer le processus dans lequel s'est réalisée l'analyse et l'interprétation des résultats de la recherche, voici quelques faits.

Le traitement des derniers enfants s'est fait dans la semaine du 9 janvier 2000 et, l'analyse des résultats est déjà amorcée à ce moment par l'équipe du Docteur Collet au Centre d'épidémiologie clinique et de recherche en santé publique de I'Hôpital Général Juif.

Lors d'une lettre transmise par le Docteur Collet le 24 janvier, à l'ensemble des chercheurs, (document 1) l'échéancier de toute l'analyse et l'évaluation des résultats est prévue et le Docteur Collet forme un Comité aviseur pour l'interprétation de ces derniers. Le 28 janvier 2000, le Docteur Marois écrit une lettre au Docteur Collet (document 2) lui rappelant ceci: ''vous savez tout comme moi, que la façon d'analyser les données et d'interpréter les résultats peuvent avoir une influence majeure sur l'issue de cette recherche. Sur ce point, je ne peux qu 'approuver votre démarche, de vous associer toutes les personnes qui pourront vous éclairer sur les meilleures façons de voir et d'intervenir. Je suis cependant étonné que vous ne fassiez pas appel dans un même temps à l'expertise et à l'expérience de vos co-chercheurs et collaborateurs dans cette recherche''.

Rapidement, le Docteur Collet répond dans une lettre datée du 3 février et dans laquelle on retrouve ce passage '' ... ne croyez pas que je veuille shunter quiconque pour ce qui a trait à l'analyse de données''. ''Je sais par expérience que les cliniciens ne sont pas confortables avec ces questions. (Est-ce vrai ? leurs a-t-on posé la question ?). C'est pourquoi la rencontre du 23 février avec le Comité aviseur est réservée aux méthodologistes chercheurs''. ''Avant cette réunion, cependant les résultats seront discutés avec les cliniciens du projet - vous même, en particulier, compte tenu de votre expérience - de manière à préparer les résultats à présenter au Comité aviseur''.

II n'y a eu aucune suite à cette lettre, jamais le Docteur Marois n'a été invité à rencontrer le Docteur Collet et à réviser les résultats avant qu'ils ne soient présentés au Comité aviseur, qui s'est effectivement réuni le 23 février dernier. Aucun clinicien n'a pu voir les données avant cette rencontre.

Ce n'est qu'un mois plus tard, soit le 31 mars 2000, que le Docteur Collet fait parvenir, aux différents chercheurs, une invitation (document 4) à une rencontre pour qu'ils puissent examiner les résultats ~ en interne ~. II s'agissait de la première rencontre du groupe de chercheurs et du Comité Directeur depuis le mois de septembre. Il est à noter que jamais en cours de recherche, le Comité exécutif, le Comité de suivi, ou le Comité de sécurité qui étaient tous des comités prévus au protocole de recherche, n'ont été réunis.

Lors de cette rencontre, l'ensemble des résultats est présenté et ce qui apparaît très évident, c'est la grande amélioration constatée dans les deux groupes d'enfants qui ont participé à cette recherche. Le Docteur Collet présente l'article qu'il a déjà rédigé, qui propose que la stimulation ou encore des effets psychologiques, tel l'effet placebo ou l'effet Hawthorne, sont responsables des améliorations constatées durant la recherche. Le groupe de chercheurs s'oppose à cette interprétation abusive et demande au Docteur Collet de modifier ses conclusions pour refléter le consensus plus nuancé des chercheurs. Le Docteur Collet s'engage à modifier la discussion et la conclusion de l'article avant de le soumettre pour publication.

Malheureusement, quelques jours plus tard, l'article est envoyé et soumis pour publication sans les modifications requises par les chercheurs et ce, malgré les engagements du Docteur Jean-Paul Collet en ce sens. Plusieurs lettres ont fait suite à cette rencontre du 06 avril (documents 5, 6, 7, 8). Chacune de ces lettres visait à apporter plus de lumière sur l'interprétation des données. Comme les engagements du Docteur Collet relativement aux modifications requises n'étaient pas respectés, elles demandaient une réunion d'urgence du Comité de chercheurs afin de faire le point sur la situation. Des lettres ont été envoyées d'ailleurs au Docteur Pierre Boyle, Directeur général du F.R.S.Q.. Elles sont restées sans réponse malgré une lettre signée par quatre chercheurs.

Lors de cette rencontre, quatre hypothèses ont été soumises aux chercheurs et seulement deux de ces hypothèses ont été reconnues comme pouvant être retenues pour analyses subséquentes. D'emblée, l'hypothèse de l'évolution naturelle a été exclue après une démonstration très claire de son impossibilité et l'hypothèse de l'effet d'entraînement au test, à la lumière des résultats de l'évaluation trois mois post-traitement, était également rejetée d'emblée. Le groupe des chercheurs n'a retenu que deux hypothèses soit, les effets psychologiques et les effets physiologiques. Lorsqu'est venu le temps d'aborder la discussion sur les suites à donner à cette recherche, le Docteur Boyle a rapidement levé l'assemblée après avoir demandé au groupe de chercheurs s'ils acceptaient que l'on convoque un groupe d'experts indépendants pour revoir les données de la recherche. Ceci a été refusé par le groupe de chercheurs qui souhaitaient, au préalable, se réunir pour pousser plus loin la réflexion sur les résultats de la recherche et les suites à lui donner.

II est étonnant que ce Comité scientifique consultatif ait émis ces hypothèses sans les justifier scientifiquement et sans jamais rencontrer les principaux chercheurs impliqués dans cette recherche. II est étonnant également qu'aucun des Comités prévus au protocole n'ait jamais été rencontré auparavant et qu'aucun de ces Comités n'ait jamais entériné les conclusions du Comité scientifique consultatif.

Les parents ont exprimé au Docteur Collet leur surprise de ne retrouver aucun des chercheurs connus et impliqués dans ce projet depuis le départ. On leur a répondu que les chercheurs étaient invites, ce qui était totalement faux. De plus, lors de cette rencontre, à plusieurs reprises, on a menti aux parents en tentant de les persuader que le traitement à 1,3 atmosphère était l'équivalent de prendre un sirop "avec juste du sucre dedans " affirmant que le traitement à 1,3 atmosphère n'était pas un traitement hyperbare (ce qui est également faux). On a aussi avancé que les recommandations du Comité scientifique consultatif n'étalent que des recommandations préliminaires et sans effet, alors que des communiques officiels, émis le jour même, par le F.R.S.Q. et le Ministère de la Recherche fermaient toutes les portes sur l'exploration de ce traitement. On a mentionné aux parents que seulement trente et un enfants sur cent dix avaient fait des progrès alors que la réalité est que trente et un enfants sur cent dix ont fait des progrès de plus de 5% au GMFM (ce qui est spectaculaire) et qu'il y en a plus du double qui ont fait des progrès réels.

Lors de cette même rencontre tenue le 26 mai 2000, le Directeur général et le Président du F.R.S.Q., ont tenté de discréditer plusieurs chercheurs et ce, de deux manières. Ils ont affirmé que certains chercheurs étaient en conflit d'intérêt alors que ceci était totalement faux et déjà établi par plusieurs comités d'éthique. Ils ont tenté, par ailleurs, de démontrer que l'opinion des chercheurs cliniciens du projet avait bien peu de poids, car il s'agissait de chercheurs du lundi matin ou du vendredi après-midi, alors que d'autres chercheurs faisaient vraiment de la recherche à temps plein (2).

(2) Les parents ont enregistré toute la rencontre et l'enregistrement de celle-ci est disponible pour consultation.

II est clair que la façon dont a été géré tout le processus d'analyse, d'interprétation et de présentation des résultats, etc., ne respecte certainement pas les codes de déontologie et d'éthique entourant tout processus de recherche. Il est étonnant que '' les meilleures ressources scientifiques du Québec '' aient été écartées du processus d'analyse, de la présentation faite aux parents, et de toutes les discussions concernant les suites à donner à cette recherche. Il est étonnant que le Fonds de la Recherche en Santé du Québec ne retienne que l'avis des gens qui n'ont jamais été approché pour faire cette recherche alors, que le F.R.S.Q., avait le mandat de regrouper les meilleures ressources du Québec. II est également étonnant qu'on ait donné tous les pouvoirs à ce Comité qui, en une réunion de deux heures a pu contredire, contrefaire le travail de plus d'un an de toute l'équipe de chercheurs qui a été désignée par le Ministère et ce, sans jamais leur avoir permis de confronter leurs idées en les rencontrant.

II est incroyable enfin, que l'on ait eu l'audace et l'indécence d'exclure les chercheurs de la présentation faite aux parents et en profiter pour mentir à plusieurs niveaux et pour discréditer plusieurs chercheurs entre autres, les cliniciens de cette recherche clinique.

Nous sommes aujourd'hui le 22 septembre 2000. II n'y a eu aucun contact ou nouvelle rencontre avec les chercheurs. L'avenir de cette recherche et les suites à lui donner est entre les mains du Comité scientifique consultatif, du Fonds de la Recherche en Santé du Québec et du Ministère de la Recherche qui ont émis des communiqués très clairs décrétant l'inefficacité du traitement hyperbare et l'exclusion des pistes d'exploration clinique de ce traitement.

II n'est certainement pas exagéré de dire que le processus scientifique a été court-circuité et qu'il a fait preuve d'un manque de neutralité, de transparence et d'intégrité. C'est malheureusement dans ce contexte que s'est déroulé le travail du Comité scientifique consultatif.

Enfin, il est odieux et scandaleux que le Ministère de la Recherche, que le F.R.S.Q. ainsi que le Docteur Collet, annoncent sans cesse leurs conclusions comme, si elles étaient celles de l'équipe de chercheurs. La reconnaissance des quatre hypothèses, la prépondérance de la plausibilité de l'hypothèse psychologique de même que le rejet des hypothèses physiologiques ne sont pas les conclusions des chercheurs, mais bien celles, du Comité scientifique consultatif.

Il est de plus, malhonnête de leurrer la population, le monde scientifique ainsi que les médias en présentant sans cesse le traitement à 1,3 atmosphère, comme un traitement placebo inerte, ce qui n'est certes pas le cas.


Commentaires sur le document

Composition du comité

Premièrement, pour ce qui est de la composition du Comité scientifique consultatif, il n'est nullement question de discréditer les membres de ce Comité. Ils ont tous une expertise reconnue. Il est toutefois important de mentionner qu'avant même que la recherche ne débute, la majorité des membres de ce comité s'étaient déjà prononcés contre cette recherche sur l'oxygénothérapie hyperbare auprès des enfants atteints de paralysie cérébrale ne croyant pas qu'il y avait des évidences scientifiques pour la justifier. Quatre des membres de ce comité avaient siège sur le comité qui avait le mandat d'analyser la recherche proposée, à la demande du Ministère de la Santé afin de déterminer si l'intérêt de cette recherche était suffisamment important pour qu'elle soit éventuellement financée par le Ministère de la Santé et de la Recherche. De façon unanime, les membres s'étaient montrés fermés au financement de cette recherche. Par ailleurs, d'autres membres du Comité scientifique consultatif avaient déjà manifesté leur résistance par rapport à la possibilité des effets positifs d'un traitement hyperbare sur des enfants atteints de paralysie cérébrale. Sans questionner leur intégrité, plusieurs membres de ce comité n'étaient pas dans une position d'impartialité ayant déjà manifesté bien avant cette recherche, leur position négative par rapport à cette dernière.

Est-ce qu'il s'agissait vraiment d'un comité neutre et objectif, alors que la majorité des membres n'avaient pas démontré d'ouverture par rapport à cette recherche ou la possibilité des effets positifs du traitement hyperbare.

Nos commentaires porteront sur les points les plus importants révisant page par page le document soumis par le Comité scientifique consultatif.

Validité de l'étude

À la page 3, du texte français, à l'item validité de l'étude, on conclut que la thérapie à l'oxygène hyperbare na pas amélioré la condition des enfants atteints de paralysie cérébrale de façon plus marquée que l'administration d'un placebo. Il est étonnant que l'on ne définisse pas ce placebo dans cette phrase alors que tout le monde sait qu'il ne s'agissait pas d'un vrai traitement placebo. II s'agissait d'un traitement actif, alors que les enfants étaient soumis à 1,3 atmosphère de pression ce qui augmentait de plus de 50% la pression en oxygène dans leurs corps. II s'agissait également d'une thérapie hyperbare.

À la page 3, on affirme que quatre hypothèses ont été présentées par l'équipe de chercheurs, ce qui est totalement faux. Seules deux hypothèses, avaient été retenues par l'équipe de chercheurs lors de la rencontre du début du mois de mai. De plus, les hypothèses n'ont pas été soumises par l'équipe de chercheurs mais bien par le Fonds de la Recherche en Santé du Québec, car l'équipe de chercheurs s'était opposée à cette époque à la constitution du Comité scientifique consultatif préférant continuer ses travaux avant de créer ce comité.


Les autres commentaires feront référence au document écrit en anglais, ce dernier étant plus complet que le résumé rédigé en français.

Objectifs de l'étude

À la page 9, parmi les objectifs de l'étude, on oublie de mentionner que, outre l'évaluation après 20 et 40 traitements, il y avait une évaluation 3 mois post-traitement pour vérifier s'il y avait eu une rétention ou une bonification des effets retrouvés pendant les traitements hyperbares. Or, il s'agit d'un élément méthodologique extrêmement important permettant de justifier et de pondérer certaines hypothèses.

A l'item méthodologie, il aurait été important de mentionner que toutes les thérapies conventionnelles chez ces enfants soit, la physiothérapie, l'ergothérapie et l'orthophonie ont été cessées durant les traitements hyperbares et que même les médications visant à diminuer la spasticité ont été également abandonnées durant cette période. Ces approches thérapeutiques ont été reprises immédiatement à la fin des traitements hyperbares de telle sorte que, durant les trois mois qui ont suivi les traitements hyperbares, les enfants étaient soumis, à nouveau, à leur traitement habituel.


Résultats

À la page 9, il est étonnant que le Comité scientifique consultatif ne fasse, là non plus, aucune mention des résultats trois mois post-traitement, résultats qui leur ont été soumis. Ces résultats ont eu un impact extrêmement important sur l'analyse et la classification des hypothèses rendant deux de ces hypothèses non plausibles. Nous y reviendrons. À ce stade-ci, il est important de mentionner que sur l'échelle GMFM, il y a eu amélioration de 3% dans le groupe ''placebo'' durant les deux mois de traitements hyperbare et que ce pourcentage de progrès était accru de 0,1% trois mois plus tard, pour se situer à 3.1%. Dans le groupe recevant le traitement à 1,75 atmosphère, il y avait amélioration de 0,5% dans les trois mois qui suivirent l'arrêt des traitements hyperbares s'ajoutant au 2,9% atteint au cours des traitements pour un total de 3,4%. Il aurait été également important de mentionner qu'il y avait une différence initiale entre les deux groupes de 15% : le groupe d'enfants recevant le traitement 1,75 atmosphère étant significativement plus handicapé que le groupe ayant reçu les traitements ''placebo''. Le pourcentage relatif de progrès, c'est-à-dire, le pourcentage de progrès par rapport au point de départ dans chaque groupe n'est plus identique si l'on tient compte de ces différences initiales. Ceci ne peut changer les conclusions de cette étude mais pourrait être pris en considération lorsqu'on envisage les suites à donner à cette recherche.

Par ailleurs, lorsqu'on regarde l'évolution des enfants dans les trois mois qui ont suivi le traitement hyperbare, et que l'on constate qu'ils ont évolué de 0,1% supplémentaire dans le groupe placebo et de 0,5%, dans le groupe à 1,75 atmosphère, il est plus facile de voir l'importance des effets constatés dans cette recherche. En effet, les deux groupes d'enfants ont évolué à 10 fois plus (en moyenne 3%) durant les 2 mois de traitement en chambre hyperbare avec l'un ou l'autre des traitements qu'ils ont reçu (alors que toutes les thérapies étaient cessées), que durant les trois mois qui ont suivi (en moyenne 0,3%), alors qu'ils avaient repris leurs thérapies habituelles. II est aussi fort étonnant que ces données ne soient pas mentionnées par le Comité scientifique consultatif qui les avaient à leur disposition.

Est-ce à dire que le traitement à 1,75 atm. a permis une bonification ou une rétention plus grande des effets positifs? Ceci est fort intéressant, surtout à la lumière de ce que l'on connaît sur l'évolution habituelle des personnes ayant une condition neurologique alors qu'ils sont en phase de récupération et de réadaptation.

Hypothèses

Hypothèse 1: Hypothèse physiologique

À la page 11, hypothèse 1, on avance que le groupe ''placebo'' qui a reçu de l'air ambiant à une pression de 1,3 atmosphère avait une augmentation d'environ 50% de la pression partielle en oxygène. Cette donnée prouve qu'il ne s'agissait pas d'un traitement inerte ou d'un placebo. De plus, il importe de rappeler un fait: le calcul des pressions partielles en oxygène ''in-vitro'' donnerait effectivement une augmentation de 50%. Toutefois, l'augmentation réelle est plus de 50% car, outre l'effet de la pression augmentant la pression partielle en oxygène, les enfants étaient dans une situation où ils hyperventilaient. La température dans un caisson hyperbare est extrêmement élevée, souvent, à plus de 30 à 35 degrés centigrades et les enfants étaient également dans une situation de ''stress '' augmentant leur rythme respiratoire. L'augmentation réelle de la pression en oxygène était certainement davantage de l'ordre de 60 à 70% en tenant compte de ces facteurs physiques "in-vivo ", ce qui appuie encore l'affirmation que le traitement ''placebo'' était un traitement actif.

J'aimerais ici, apporter un commentaire sur le traitement ''placebo ''. Il est vrai que le traitement 1,3 atm. a été retenu au départ, comme le traitement placebo, parce qu'il était couramment utilisé ainsi, dans des projets de recherche sur l'oxygénothérapie hyperbare dans d'autres conditions. Toutefois, même si on démontrait l'efficacité de l'oxygénothérapie hyperbare dans le traitement de la paralysie cérébrale, les mécanismes d'actions seraient encore totalement inconnus. Cependant, on peu certainement soupçonner qu'ils sont forts différents des mécanismes d'actions allégués pour traiter des intoxications au monoxyde de carbone ou des incidents de décompression. Nous sommes loin de pouvoir démontrer qu'il s'agissait d'un placebo valable dans le contexte de cette recherche. D'ailleurs, dès le départ, les chercheurs, craignaient que le placebo utilisé ne soit pas suffisamment inerte dans la recherche actuelle. Ce n'est pas parce qu'un traitement donné est considéré comme un bon placebo dans une condition, qu'il le serait également dans une autre. L'Aspirine à des doses de 80 mg/jr pourrait être considéré comme un excellent placebo dans une étude portant sur les douleurs aigues post-chirurgie, toutefois, il s'agirait du pire placebo que l'on pourrait utiliser dans une étude dont l'objet serait la prévention des phénomènes thrombotiques.

De plus, à la question à savoir s'il y a une évidence scientifique soutenant que l'oxygène à basse dose (équivalent au traitement à 1,3 atmosphère ) à un effet thérapeutique, les membres du comité scientifique consultatif avouent qu'ils n'ont pas été capables de trouver une seule étude explorant les effets de l'oxygène à basse dose. Ils rapportent aussi que plusieurs études ont été faites avec de l'oxygène à plus haute dose démontrant des effets sur les performances cognitives, entre autres, des études faites avec l'oxygène respiré à 100% pour de très brèves périodes.

Par ailleurs, il y a actuellement en cours plusieurs études aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, sur l'utilisation de l'oxygène à petites doses. Elles semblent démontrer des effets sur des lésions cérébrales. Malheureusement les manuscrits ne sont pas encore disponibles mais, les contacts avec les chercheurs tel le Docteur Paul Harch en Louisiane confirment l'intérêt de la recherche en ce sens.

Comme il n'y a aucune étude qui a exploré les effets de l'oxygène à petites doses sur les fonctions physiologiques, (''sur les sujets qui avaient une oxygénation normale au départ ''), il n'y a certainement pas d'argument en faveur ou en défaveur des effets positifs potentiels. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'études sur un traitement donné que cela démontre l'inefficacité de ce traitement.

De même, la deuxième étude et la quatrième étude citées par le Comité scientifique consultatif pour analyser l'hypothèse 1-A, n'apportent rien à la discussion sur la recherche actuelle. Celles-ci concernent d'autres indications cliniques qui n'ont rien à voir avec la physiologie cérébrale.

L'étude numéro 3, qui a été faite sur des rats, démontrait les effets du traitement hyperbare sur des lésions cérébrales lorsque le traitement était initié tôt après la survenue de la lésion. II n'y a aucune étude rigoureuse faite sur les traitements hyperbares dans des lésions neurologiques chroniques (telle la paralysie cérébrale). Toutefois, il y a de nombreuses anecdotes, des témoignages, des études de cas, des études non randomisées et deux projets pilotes qui semblent démontrer des effets sur des lésions neurologiques même après plusieurs mois ou années post-lésionnelles.

En conclusion, les membres du comité scientifique consultatif signalent que les études ont démontré que, lorsqu'il y a un effet, c'est à une pression élevée en oxygène et non pas à des niveaux juste au-dessus des valeurs normales, tel que retrouvé dans le groupe placebo de notre étude. À nouveau, il est important de mentionner qu'aucune étude n'a été faite sur de basses concentrations d'oxygène, et que la non-existence d'études ne permet pas de conclure par rapport à l'efficacité ou l'inefficacité de l'oxygène à petites doses. II en va de même sur le moment de l'administration de l'oxygène où aucune étude systématique n'a été faite sur les lésions neurologiques chroniques outre deux projets pilote réalisés par des chercheurs du Texas et du Québec démontrant des évidences de changements importants chez plusieurs enfants.

La conclusion au bas de la page 12, dit ceci: prises ensemble, ces études publiées ne supportent pas un effet de l'oxygène pour expliquer les changements dans les fonctions motrices grossières du groupe placebo. Le contraire est aussi vrai, c'est-à-dire que ces études ne contredisent pas non plus la possibilité d'un effet de l'oxygène pour expliquer les changements retrouvés. De plus, s'il n'y a jamais eu (au dire même du comité) d'études recréant les conditions du groupe ''placebo'', il serait donc très étonnant que ces études qui n'existent pas puissent supporter ou infirmer quelque hypothèse que ce soit.

Par ailleurs, I'explication qui suit à la page 13, où l'on ne voit que deux possibilités pour expliquer des résultats semblables dans les deux groupes est extrêmement simpliste et s'applique difficilement à une situation infiniment plus complexe, celles d'enfants atteints de paralysie cérébrale dont la nature et la cause des lésions sont souvent fort différentes d'un cas à l'autre. D'autre part, un effet plateau est un effet bien connu et retrouvé dans plusieurs études contrairement à ce qu'avancent les membres du comité.

Pour ce qui est de l'hypothèse 1-B, nous sommes d'accord avec la conclusion, qu'il n'y a pas d'évidences scientifiques pour un effet de l'oxygène ou de la pression à basse dose pour expliquer les changements observés dans les fonctions motrices des enfants observées durant l'étude. Encore une fois, le contraire est aussi vrai.

Devant la totale méconnaissance des effets de l'oxygène à basse dose, sur des lésions chroniques et même des effets de la pression, je vois mal comment le comité scientifique consultatif ait pu affirmer que cet hypothèse 1.1 était peu probable et l'hypothèse 1.2 très peu probable. Ce n'est pas parce que l'on ne connaît pas, que l'on ne comprend pas quelque chose, qui de plus, n'a jamais été exploré que l'on peut se permettre de fermer la porte sur une hypothèse.

Par ailleurs, lors du congrès international de l'Undersea and Hyperbaric Medical Society à Stockholm, en juillet 2000, les résultats de la recherche ont été présentés par le Docteur Stéphane Tremblay. Plusieurs experts internationaux lui ont suggéré de poursuivre la recherche sur les effets de la pression ou de l'oxygène à petites doses, ce questionnant à juste titre sur la possibilité des effets physiologiques du traitement à 1,3 atmosphère (cf. document 9). Lors de la présentation faite à Toronto iI y a quelques semaines, le Docteur Michel Vanasse qui agissait à titre de conférencier rapporte que les mêmes commentaires et questionnements ont été soulevés.

Hypothèse 2: les effets psychologiques

L'hypothèse 2, est relative aux effets de la participation dans une étude clinique. On cite un article présentant une recherche faite sur des enfants prématurés. Effectivement, dans cette étude les enfants qui ont reçu un placebo ont mieux évolué que les enfants qui n'ont pas participé à cette étude mais la différence, si elle est statistiquement acceptable, est tout à fait minime. Les jours d'hospitalisation ont légèrement diminué et il y avait un peu moins de lésions cérébrales dans le groupe d'enfants placebo par rapport à l'autre groupe. Or, dans l'étude actuelle, nous sommes face à un ''effet placebo'' incroyable alors que les enfants ont évolué dix fois plus que dans une situation normale (durant les trois mois qui ont suivi leur thérapie hyperbare).

L'effet placebo constaté durant la recherche, (et il s'agit de l'hypothèse la plus plausible selon les membres du comité scientifique consultatif) est certainement l'effet placebo le plus spectaculaire jamais démontré en Science, étant plus efficace que les thérapies reconnues et payées par l'État.

Nous reconnaissons que les effets dus à la sélection, à l'adhésion, à un protocole bien défini et à l'effet placebo ont certainement pu contribuer à l'amélioration constatée dans l'état des enfants qui ont participé à la recherche. Cependant, encore une fois, si l'on attribue les améliorations mesurées chez ces enfants uniquement à ces facteurs ce serait le résultat le plus impressionnant jamais relevé. Ceci doit absolument venir nuancer notre discussion relativement à la plausibilité de cette hypothèse qui sans être rejetée ne mérite certainement pas qu'on lui attribue un très haut niveau de plausibilité. Je ne vois pas sur quelle base logique et scientifique les membres du Comité scientifique consultatif en sont arrivés à cette conclusion.

II est aussi important de tenir compte des études qui ont été faites, dans le passé, auprès de cette clientèle. Elles n'ont jamais pu démontrer d'effets placebo significatifs. Si par ailleurs on attribue toutes les améliorations constatées durant la recherche à l'effet "placebo "ou aux effets psychologiques, il faudrait alors considérer que les approches thérapeutiques telle la physiothérapie intensive sont totalement inutiles puisque les études faites auprès d'une population d'enfants atteints de paralysie cérébrale qui recevaient de la physiothérapie intensive démontrent moins d'effets positifs que ceux que nous avons observés avec le traitement placebo qu'ont reçu les enfants, au cours de notre recherche.

Hypothèse 3: l'effet d'entraînement au test

Page 15. Il y a une contradiction évidente dans ce paragraphe. Les membres du comité scientifique consultatif reconnaissent eux-mêmes l'improbabilité des effets de l'entraînement au test prodigué durant cette étude, entre autres parce que le GMFM est reconnu comme un outil d'observation de ce que l'enfant est capable de faire. Le comité scientifique consultatif écrit ''qu'il est ainsi peu probable que l'entraînement des enfants au test ait eu un effet significatif, particulièrement sur l'échelle GMFM, même si un petit effet est possible''. Toutefois, lorsqu'ils résument leur position à la fin du paragraphe, le terme ''unlikely '' est devenu ''possible''. Selon les membres de ce comité, cette hypothèse se classe même en deuxième lieu au niveau de sa plausibilité pour expliquer non pas de petits effets mais la totalité des effets impressionnants!

Un des éléments importants qui permet d'exclure l'effet de d'entraînement comme hypothèse plausible est le fait que si cet effet d'entraînement s'était avéré un facteur important, ces enfants qui ont eu une amélioration significative durant les deux mois de traitements auraient dû également avoir une amélioration de leur performance tout aussi significative lorsqu'ils ont été réévalués trois mois post-traitements. Ils faisaient les tests une nouvelle fois! Ceci n'a pas été retrouvé et le facteur d'entraînement au test, s'il a été en cause, a certainement été léger et ne peut expliquer l'évolution retrouvée chez les enfants, surtout lorsque l'on voit les résultats un peu plus précis, certains enfants s'améliorant de plus de 10 ou 15% à l'échelle GMFM durant les deux mois de traitement, ce qui est une évolution spectaculaire.

L'hypothèse 3, ne peut certainement être retenue comme une hypothèse probable, du moins pour expliquer l'ensemble des résultats constatés.

Hypothèse 4: évolution naturelle

ll s'agit de l'hypothèse gui propose que l'évolution de 3% à l'échelle GMFM représente une évolution normale des enfants atteints de paralysie cérébrale. Les membres du comité prétendent qu'il est nécessaire d'attendre les résultats de l'étude du Docteur Rosenbaum pour être en mesure d'évaluer cette hypothèse. Cette position laisse planer un doute sur la plausibilité de cette hypothèse. Or, les chercheurs ont fait la démonstration qu'elle était irrecevable et farfelue.

Premièrement, la moyenne du point de départ au GMFM des enfants du projet, était d'environ 60%. L'âge moyen des enfants dans cette recherche était 7,2 ans, c'est-à-dire 86 mois. Ce qui veut dire que la moyenne d'évolution (en terme de pourcentage par mois) depuis la naissance chez ces enfants qui ont participé à la recherche a été de 0,69% (60/86) (comparée à 1,5 par mois durant le traitement hyperbare). Or, ceux qui connaissent le développement de l'enfant, et les courbes du GMFM qui le mesurent, savent très bien que les courbes sont des expotentielles inversées qui s'aplatissent très rapidement après l'âge d'un an, peu importe l'importance du handicap (schéma #1). Autrement dit, la pente de l'évolution dans la première année est très élevée et le pourcentage d'évolution est beaucoup moins important au fur et à mesure que l'enfant vieillit. À l'age moyen de 7,2 ans, la courbe est presque plate et c'est d'ailleurs ce que l'on constate cliniquement. Si l'évolution moyenne des enfants durant la recherche a été de 0,69 par mois depuis leur naissance, on peut facilement présumer, sans aucun risque de se tromper, quelle était beaucoup plus petite à 7,2 ans. C'est une pente qui devrait beaucoup plus se rapprocher de 0,1 ou 0,2% par mois. D'ailleurs, le suivi trois mois post-traitement des enfants qui avaient repris leurs thérapies habituelles et leurs médications, le démontre clairement: les enfants du projet durant les trois mois qui ont suivi, ont évolué selon le rythme de progression de 0,1% par mois versus de 1,5% par mois durant le traitement en chambre hyperbare. L'analyse plus poussée de l'évolution même des enfants qui ont participé à la recherche, depuis leur naissance, et le suivi de ces enfants dans les trois mois post-traitement démontre clairement qu'il ne peut s'agir d'une évolution naturelle et que, durant la recherche, ces enfants ont évolué beaucoup plus rapidement que dans des conditions naturelles.

Donc, on n'a nul besoin de l'étude du Docteur Rosenbaum, étude qui, par ailleurs, peut être extrêmement intéressante, pour conclure que l'hypothèse 4 est irrecevable.

Pourtant cette démonstration a été faite aux membres du Comité scientifique consultatif et je suis étonné qu'il n'en ait fait aucune mention.

De plus, dans le document, on fait mention d'une étude qui a été faite sur des enfants atteints de paralysie cérébrale où l'on a constaté en l'espace de quatre mois, des changements de 3,5% au GMFM alors que les enfants étaient soumis à de la physiothérapie intensive deux fois par semaine. Ces résultats ont été observés chez un groupe d'enfants beaucoup plus jeunes que ceux inclus dans l'étude actuelle. Alors, comment peut-on croire que 1,5% par mois puisse être une évolution naturelle alors que l'étude citée ne rapporte des changements de 0.9% par mois chez des jeunes enfants qui ont un potentiel d'évolution beaucoup plus rapide et qui étaient soumis à des thérapies intensives. Ainsi, même les arguments apportés par les membres du Comité scientifique consultatif éliminent cette hypothèse.

Résumé des degrés de plausibilité

Au résumé des degrés de plausibilité de chaque hypothèse, page 16, il est à nouveau difficile de comprendre comment le degré de plausibilité a été établi. Alors qu'il n'y a aucune étude gui a exploré les hypothèses 1.1, 1.2. le comité scientifique consultatif est capable de leur donner un degré de plausibilité . On lui accorde même un degré peu élevé.

L'hypothèse 2, bien que ce soit une ''première'' en faveur de l'importance d'un effet placebo (en ce sens que les effets constatés sont de nombreuses fois supérieurs à toutes les thérapies conventionnelles reconnues), reçoit le plus haut niveau de plausibilité.

Dans l'hypothèse 3, les membres du comité scientifique consultatif ont eux-mêmes écrit qu'il était peu probable qu'il y ait eu un effet d'entraînement sur les résultats à l'échelle GMFM. Pourtant, ils classent cette hypothèse comme la deuxième plus plausible.

(Il est difficile de comprendre l'échelle utilisée alors que ''possible'' est plus élevée ''qu'improbable''. Il est en effet possible que je puisse gagner 1 million à loto ce soir, bien que cela soit bien peu probable. Selon quelle échelle place-t-on le possible devant le peu probable?)

Nous pensons que l'hypothèse la plus probable est certainement une cinquième hypothèse, c'est-à-dire, une combinaison de plusieurs facteurs. Il est clair que ces enfants ont bénéficié dune certaine évolution naturelle durant cette recherche. Elle ne peut toutefois expliquer l'importance des résultats observés. D'autre part, il est fort probable qu'il y ait eu un petit effet d'entraînement dû aux tests, même si le GMFM n'est pas reconnu comme un test ''sensible''' aux effets d'entraînement. Il est très possible qu'il y ait eu un effet ou des effets psychologiques quels qu'ils soient, sur lequel sont venus s'ajouter des effets physiologiques quels qu'ils soient. Malheureusement, l'étude ne permet pas de séparer ou d'identifier quel facteur a joué le plus, et chacun est renvoyé à ses propres convictions, ses propres croyances, ses propres expériences pour définir un degré de plausibilité, ce que nous ne devrions jamais faire en science. Nous reviendrons sur ceci plus tard.

Mécanismes d'action

On peut reprocher au traitement hyperbare de ne pas avoir de mécanisme d'action claire pour expliquer ses effets. Cependant, ceci est vrai pour plusieurs traitements reconnus et approuvés en médecine. Par exemple, on utilise des corticosteroides chez les enfants atteints de Dystrophie Musculaire de Duchenne constatant ses effets bénéfiques et sans pourtant en connaître les mécanismes d'action.

Il est par ailleurs étonnant que le Comité scientifique consultatif ne fasse jamais mention des mécanismes proposés par les chercheurs et figurant au protocole de recherche.

Nous ne pouvons prétendre proposer un mécanisme d'action clair mais plusieurs pistes se doivent d'être envisagées, qu'il s'agisse du concept de la zone de pénombre ischémique, d'effets métaboliques, etc. Ce n'est pas parce que nous n'en comprenons pas les mécanismes d'action que nous devons exclure les effets d'un traitement donné.

Recommandations

Recommandations du Comité scientifique consultatif:

Il est par ailleurs important de rappeler à nouveau la proposition des experts internationaux, visant à pousser plus la recherche sur l'exploration des effets possibles de l'oxygène ou de la pression à petites doses pour comprendre pourquoi le groupe ''placebo'' a aussi bien évolué.

Une nouvelle recherche explorant les différentes possibilités est la seule avenue qui nous permette d'être responsable et conséquent avec la démarche scientifique déjà entreprise. Nous ne pouvons négliger les questions ouvertes soulevées par cette étude. Nous ne pouvons, par ailleurs oublier le contexte dans lequel les familles se retrouvent après cette étude qui n'a certainement pas démontré des résultats négatifs, l'ensemble des enfants s'étant amélioré de façon impressionnante. Ce serait ne pas respecter nos engagements et notre responsabilité que de mettre un terme à l'exploration des possibilités qu'a fait émerger cette recherche.

Nous croyons que les résultats de cette recherche ne permettent de retenir que deux hypothèses pour expliquer l'évolution étonnante des enfants. D'une part, les effets physiologiques quels qu'ils soient et d'autre part, les effets psychologiques quels qu'ils soient. La prédominance de leur plausibilité est liée à l'expérience ou aux croyances de chacun et un vrai scientifique ne devrait jamais écarter une possibilité. Toutes les possibilités doivent être explorées lorsque ceci est réalisable.

La communauté scientifique ainsi que les familles avaient investi beaucoup d'espoir sur la recherche en cours pour quelle puisse apporter des réponses aux questions sur l'efficacité du traitement hyperbare. Malheureusement, à moins d'avoir un préjugé et d'oublier toute rigueur scientifique, cette recherche n'a pas apporté de réponses claires à cette question, mais en a soulevé bien d'autres sur son passage.

Pour revenir à l'engagement du Ministre Rochon ''que l'on entreprenne de clarifier la question de l'efficacité de ce traitement '', la seule réponse, à l'heure actuelle, est que la moyenne et la majorité des enfants qui ont participé à l'étude ont reçu un traitement très efficace mais, on ne sait pas vraiment ce qui a agi.

La seule façon de répondre à la question qui reste ouverte, c'est-à-dire: qu'est-ce qui a produit les améliorations constatées chez ces enfants ?, est de procéder à une recherche plus complexe avec cinq groupes. Le premier groupe de toute évidence, cette fois-ci, serait un groupe témoin qui permettra une fois pour toute d'exclure les hypothèses d'entraînement au test et d'évolution naturelle de même que de vérifier I'importance de I'effet placebo, s'il y en a un, car il y aura un point de référence pour le démontrer.

Les quatre autres groupes devraient être traités dans un caisson hyperbare et avoir exactement la même approche sur le plan des procédures. Seules devraient varier la pression et la concentration d'oxygène utilisées. Le deuxième groupe devrait donc recevoir à la fois pression et oxygène, le troisième groupe uniquement de la pression sans oxygène. Le quatrième groupe recevrait uniquement de l'oxygène, à une dose qui produirait le même niveau d'augmentation de pression partielle en oxygène que le groupe qui reçoit uniquement de la pression, et ce, pour bien vérifier s'il s'agit d'un effet de la pression ou de l'oxygène. Le cinquième groupe devrait recevoir ni pression ni oxygène. II serait techniquement réalisable de faire croire à ce groupe de patient qu'il est en traitement hyperbare en commençant le traitement avec une petite pression, qui serait diminuée rapidement après quelques minutes. II faudrait remettre un peu de pression à la fin du traitement pendant quelques instants. II est donc possible d'avoir un vrai placebo dans une chambre hyperbare, même si techniquement, ceci est un peu plus complexe que le placebo utilisé dans la dernière recherche. II s'agirait cette fois-ci d'un vrai ''placebo ''.

Avec une telle recherche, nous pourrions alors, de façon claire, voir si les amélioration sont dues à l'effet placebo ou à l'effet psychologique OU si les améliorations sont secondaires à la pression, à l'oxygène, ou à une combinaison des deux. On éliminerait rapidement les effets de l'entraînement et de l'évolution naturelle comme hypothèses plausibles. II s'agit dune recherche relativement simple à réaliser mais, qui - compte tenu du contexte actuel -, devra certainement impliquer plusieurs centres. II faudrait envisager une étude pancanadienne pour recruter un nombre suffisant d'enfants. Les doutes sur les causes des effets constatés seraient levés bien qu'advenant une cause physiologique soit reconnue comme la responsable des effets bénéfiques, des études subséquentes s'imposeraient pour comprendre les mécanismes physiologiques de cet effet et pour déterminer les dosages, de même que les indications éventuelles. II en va de même si les effets psychologiques étaient reconnus comme la cause des améliorations constatées.

Conclusions

Nous devons nous rappeler qu'un scientifique, est celui qui observe, qui voit des évidences, cumule des faits et tente d'intégrer ces éléments dans son paradigme, c'est-à-dire, dans son système de croyances et de pensée. S'il ne peut le faire, il doit élargir sa pensée, et modifier sa vision pour intégrer le fait nouveau. Malheureusement, on se cramponne trop souvent à nos croyances et lorsqu'on voit quelque chose qui bouscule notre paradigme, on l'écarte. L'objectif d'une recherche n'est pas de prouver ce que l'on croit savoir mais bien de faire la lumière sur les questions que l'on se pose. Plutôt que de jouer à l'autruche, nous croyons qu'il faut laisser la porte ouverte sur la poursuite de I'investigation et de l'exploration de ces traitements dans des conditions sécuritaires, dans un contexte scientifique, jusqu'a ce que de véritables réponses puissent enfin surgir.

Puisqu'on reconnaît que le traitement placebo n'était pas inerte, on se doit de considérer que les deux groupes d'enfants du projet ont reçu chacun un traitement hyperbare à des doses différentes. Si ces enfants se sont améliorés de façon significative dans les deux groupes, comment peut-on, en l'absence de groupe témoin, conclure en l'inefficacité du traitement hyperbare? C'est exactement comme si on faisait une recherche sur les effets préventifs de l'Aspirine dans les cas de thromboses coronariennes, en utilisant deux groupes de patients. L'un recevrait par exemple 80 mg/jr. pendant que l'autre recevrait 2 g/jr. Si dans les deux groupes, les effets sont impressionnants (et plus important qu'avec tout autre médicament connu), aurait-on le droit de conclure, en l'absence de groupe témoin en l'inefficacité de l'aspirine dans cette condition?

Rappelons-nous que durant cette recherche trente et un enfants ont fait des progrès de plus de 5% au GMFM. Certains ont eu une évolution relative (selon leur point de départ) de plus de 20 à 30%. Autrement dit, ces enfants ont fait en deux mois, environ le quart des progrès qu'ils avaient réalisé durant toute leur vie.

Ces améliorations parfois impressionnantes, ont été mesurées sans qu'il n'y ait eu d'effets adverses inquiétants chez aucun des enfants qui ont participé à la recherche. Malgré que nous ne connaissions pas la cause des améliorations observées - que se soit des causes psychologiques ou physiologiques -, nous voyons mal comment ce traitement pourrait être interdit lorsqu'il est donné dans des conditions sécuritaires et dans un contexte d'évaluation. (cf proposition versée en annexe)

Au-delà de notre rôle de ''scientifique '' qui devrait nous pousser à explorer davantage les différents résultats de cette recherche, répondant aux interrogations soulevées par cette dernière, nous avons aussi un rôle de ''soignant ''. Le rôle du médecin n'est-il pas d'aider, de guérir, de soulager, de guider ... Si nous avons entre les mains une ''approche'' qui, selon les résultats même de la recherche, a permis d'améliorer les enfants de façon impressionnante, avons-nous vraiment le droit d'en interdire son accès même si nous ne comprenons pas encore ce qui a produit les améliorations constatées ?

Et même s'il s'agissait d'un effet placebo, y a-t-il une loi qui interdise d'utiliser un traitement placebo s'il est autant, sinon plus efficace que tous les traitements que nous connaissons et lorsque les effets indésirables liés à son utilisation sont minimes et moins importants que plusieurs autres traitements offerts à ces enfants? (Radicellectomie, Botox, chirurgie orthopédique, implantation de pompe à Badofen, médications, etc.)

S'il faut mettre un casque sur la tête des enfants et leurs donner un peu de pression pour qu'ils évoluent plus qu'avec tout autre thérapie qu'on leur offre, suite à quelle gymnastique intellectuelle interdirait-on cette approche ?

Et dites-moi honnêtement, à la lumière des résultats et des améliorations constatées durant cette recherche, si vous aviez un enfant atteint de paralysie cérébrale, que feriez-vous ??? Probablement la même chose que font des milliers de familles québécoises qui ont espéré trouver dans le traitement hyperbare une réponse à leur quête d'une approche efficace pour leur enfant. Plusieurs doutent avec raison, de la neutralité et de la rigueur du processus d'analyse et d'interprétation des données de cette recherche. Pire encore, ils questionnent l'intégrité du ''système québécois''. Certains ont cru aux communiqués officiels et ont cessé d'espérer. Mais des centaines qui ont vu de leurs yeux, des progrès chez leurs enfants ou chez ceux de leurs voisins de thérapie, préfèrent avoir foi en ce qu'ils ont vu plutôt qu'en ce qu'on tente de leur faire croire. Et des continuent de remplir les cliniques d'Ottawa, de Toronto ou les vingt autres cliniques ouvertes au Canada depuis un an. Ces familles commencent à se procurer des chambres hyperbares portatives qu'elles utilisent à la maison. Tous ces traitements sont prodigués actuellement dans des conditions peu sécuritaires. Avons-nous une attitude responsable et honnête envers ces familles ? Remplissons-nous nos rôles de ''scientifiques '' et de ''soignants ''? Pouvons-nous, honnêtement nous regarder dans le miroir en nous disant "nous avons fait du bon travail, nous avons été jusqu'au bout de ce que nous pouvions faire pour ces familles ". Nous avons un devoir et une responsabilité envers ces dernières. Rappelons-nous que nous sommes à leur service et que nous sommes payés par l'État pour les aider et leurs donner de vraies réponses, lorsqu'on le peut.


Le rapport du comité scientifique consultatif n'apporte aucun argument scientifique définitif nous convainquant de la justesse de leur position. Les conclusions de leur document ne reflètent que les opinions de personnes qui les avaient déjà d'ailleurs bien exprimées avant même que l'étude ne débute.

Je reconnais que mes commentaires sont aussi le reflet de mes propres opinions et expériences. J'ai vu des centaines d'enfants s'améliorer de façon significative en chambre hyperbare, souvent plus qu'avec tout autre approche que je leur avais proposé. J'ai vu des thérapeutes incrédules mesurer des évolutions étonnantes. J'ai vu des résultats de trois recherches (incluant celle-ci) qui ne m'ont certainement pas convaincu de l'inefficacité de ce traitement (au contraire). Suis-je neutre? Tout dépend de la façon que l'on a de définir la neutralité. Si Christophe Colomb n'était pas neutre en avançant que la terre était ronde après en avoir fait le tour, alors je ne suis pas neutre. Si la neutralité se réfère à une position fermée, jusqu'à preuve du contraire, en s'assurant de tout faire pour ne jamais prouver le contraire, alors je ne suis pas neutre. Je me rappelle sans cesse que l'esprit est comme un parachute, il fait beaucoup mieux son travail lorsqu'il est ouvert.

Malgré mes croyances, je tente d'adopter une position neutre et m'efforce de ne pas transmettre ce que je crois, mais de partager le point de vue le plus rigoureux possible sur les observations faites durant cette recherche.

Malgré mes croyances, j'ai aussi mes doutes par rapport à ce que je crois. Je ne prétend pas détenir la vérité et je ne peux certes pas I'imposer en utilisant mon pouvoir. Je ne défends en aucun cas la prépondérance de l'hypothèse physiologique, car il n'y a aucun élément clair qui la favorise. Il en est toutefois de même, pour l'hypothèse psychologique.

Nous n'avons aucun droit de faire dire à cette recherche ce qu'elle ne dit pas. Nous n'avons pas non plus, le droit de faire primer nos convictions personnelles sur la rigueur de l'analyse scientifique. Nous avons toutefois et enfin, le devoir d'être responsables, conséquents et honnêtes envers les familles qui attendent une vraie réponse et la communauté scientifique internationale, que nous avons le pouvoir d'influencer mais, avant tout, le devoir d'informer de façon le plus neutre possible pour qu'elle puisse se faire sa propre opinion.

Et ce n'est pas en abusant de son pouvoir ou en faisant des lois qui interdisent l'accès à ce traitement que l'on aide vraiment les familles des enfants atteints de paralysie cérébrale. Elles vont ailleurs, hors de la province, chercher un traitement en lequel elles croient et se ruinent davantage. C'est en s'assurant que ce traitement est donné de façon sécuritaire, c'est en apportant des réponses scientifiques à un problème scientifique encore entier et en trouvant des réponses humaines à un problème humain qu'on est en mesure de les aider le plus et ainsi, bien remplir notre mandat.

(La suite du document est composée des annexes et est trop lourde pour être reproduite ici. Elle est cependant disponible sur demande.)